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le blog passementerie by Declercq
15 avril 2013

Un peu d'histoire, la passementerie à travers les siècles

metieragalon-planche5

 

La passementerie est un art très ancien, que l'on retrouve aux quatre coins du monde.

Pompons ornant les chameaux au Maghreb, processions dans la Chine ancienne, franges sur des costumes péruviens ou mexicains, épaulettes d’officiers des armées du monde, harnais de chevaux, habits ecclésiastiques... La passementerie est partout. Parures, signes de pouvoir, de richesse ou d'apparat, la passementerie a traversé les siècles en s'adaptant aux modes et aux crises économiques.

Les premières traces de passementerie sont très anciennes, et souvent liées aux vêtements et parures. Les textiles n’ont pas souvent résisté au temps, mais grâce aux bas-reliefs et à certaines fresques, nous avons des représentations qui témoignent du passé, et de ce à quoi pouvaient ressembler les passementeries les plus anciennes. 

Les premières franges sont une astuce technique pour répondre à la nécessité d’arrêter les fils après un tissage (on noue les fils pour les arrêter). On en retrouve des traces dans les tombeaux égyptiens ou incas, ou encore dans les temples grecs et chinois. Cette technique qui consiste à nouer des fils est toujours utilisée aujourd’hui. Les premiers galons dont nous avons trace datent de l’art copte (en Egypte entre le IIIe et le VIe siècle). 

Au Moyen Age, les croisés rapportèrent de magnifiques étoffes de leurs voyages, elles furent utilisées pour la décoration des églises et des vêtements ecclésiastiques. 

Les communautés d'artisans ont existé dès l'Antiquité, et les passementiers ont toujours été organisés en corporations à travers les siècles. La corporation des « crépiniers » (ou « crespiniers ») qui travaillaient à la fois pour le vêtement et l’ameublement (le mot « crépine » désigne une frange tissée courte et touffue qui ornait les coiffes, les nappes d'autel) est l'ancêtre de la corporation des passementiers. Il y eut ensuite  la corporation des "laceurs de fil d'or" (lacets pour les harnais des chevaux ou pour fermer les aumônières) puis celle des "dorelotiers". Ils se spécialisèrent, les uns pour le tissage au métier et à la navette (les "rubaniers" statuts datant de 1404)) et les autres pour le travail à la main (aiguille) et la broderie de galons et de boutons, les passements, cordons, glands ("les passementiers" premiers statuts en 1559). Ces corporations étaient très codifiées.  

Les premiers rideaux étaient de lourds tissus qui servaient surtout à se protéger du froid (les courtines servaient à fermer les lits à colonnes ou à cloisonner les salles des châteaux). On n'en retrouve pas de traces avant la Renaissance. Galons et franges commencèrent petit à petit à apparaître en ornements sur ces tentures retenues par de gros câblés. C'est le début de l'utilisation de la passementerie en décoration.

On commença à voir des lambrequins, ainsi que des lits ou trônes surmontés de dais. Des franges étaient souvent cloutées autour de certains sièges, notamment les ployants (tabourets en X). Les premiers fauteuils étaient couverts de coussins. Les fauteuils à fond garni sont apparus au milieu du XVIe siècle.

Au départ le fil de laine était principalement utilisé, puis la soie fut introduite par les Italiens. Sous François 1er, les vêtements de cérémonie, les harnais des chevaux, les hampes des drapeaux étaient couramment ornés d´éléments de passementerie.

Le syle Louis XIII fut assez austère, les tentures murales étaient bordées de galons. De courtes franges habillaient les sièges et des cordelettes retenaient les rideaux de lits.

Sous Louis XIV, par contre, l'utilisation d'or et d'argent marqua un surenchérissement dans le déploiement de richesses. Le rouge était également très apprécié. Ce fut le début véritable de l’important développement de la passementerie, grâce aux commandes de la Cour. Les fenêtres, plus grandes, furent désormais ornées de rideaux, et la passementerie envahit ciels de lits, coussins, tentures et sièges.

Sous Louis XV, on vit l'éclosion du style rococo (ou rocaille) avec abondance de mèches, de franges, de giselles et de jasmins à migrets. A cette époque, les fenêtres étaient habillées de rideaux plus décoratifs que fonctionnels.

Au XVIIIe siècle à Paris, les maîtres-passementiers boutonniers étaient regroupés rue Saint-Denis dans le même quartier que les marchands de fils, rubans et dentelles.

Le règne de Louis XVI marqua les débuts du néoclassicisme avec une simplification des formes et l’engouement pour les couleurs pastel. Le boudoir était à la mode, ainsi que le feston de draperie bordé de courtes franges à jasmins. On suspendait les tableaux avec des cordons tressés et des glands. On vit l’apparition de fleurs en motifs de remplissage sur les nœuds de décor.

Après la Révolution, l´Antiquité était très à la mode (franges droites ornées d'olives ou de boules). L'Empire a été une période très importante pour la profession, on utilisait de larges galons tissés de palmettes, beaucoup de franges, notamment à torsades ou quilles, et les décors de fenêtres étaient très sophistiqués (lambrequins garnis de festons avec noeuds et rosettes). On vit, grâce à la campagne d'Egypte, l'arrivée de coton à bas prix qui remplaça peu à peu le lin dans la fabrication des âmes de guipures et des câblés. Deuxième grande innovation de l'Empire: l´invention par Joseph-Marie Jacquard du métier Jacquard qui marqua un tournant dans la production textile (principe de la carte perforée appliqué à la programmation d'un métier à tisser).

La Restauration marqua une période de transition, les décors étaient relativement sobres, on mélangea les styles précédents. On osa les contrastes et les couleurs, surtout sous Charles X.

Jean-Baptiste Louvet fut nommé en 1819 passementier du garde-meuble royal et chargé de l'entretien des châteaux royaux.

L'époque Louis-Philippe (à partir de 1830) marqua un retour vers plus de confort et une utilisation très courante de la passementerie (franges masquant les pieds des fauteuil), ce qui annonçait la période faste du style Napoléon III (1860-1870), où la passementerie fut à l'honneur. Le goût était à la profusion de tissus, franges et capitons. L’époque fut marquée par beaucoup de fantaisie et de couleurs. La passementerie était alors divisée en plusieurs catégories : la mode, les équipements militaires et ornements d'église, l'ameublement, et les "voitures".

Le Second Empire (1852-1870) fut marqué par une grande exubérance dans les décors. Sous Napoléon III, la passementerie était partout. Festons et franges à profusion, tables juponnées, grandes embrasses, sièges capitonnés, encadrements de miroirs, c’est l’apogée du confort bourgeois.

La IIIe République, vit se développer le style bourgeois. Boulots, chardons tondus, glands sans jupe, nouvelles couleurs (bleu, taupe, jaune moutarde…). La passementerie se vendait par exemple au Bon Marché et les tapissiers ne chômaient pas. Les crapauds et les poufs étaient habillés de franges, et on ne craignait pas la surcharge…

Exposées à l'Exposition universelle de 1878, les passementeries de France ont obtenu 5 médailles d'or, c'est dire le niveau de qualité atteint à cette époque par les passementiers français. 

Les années 20 virent se développer de nouvelles formes, plus épurées et de nouvelles matières (synthétiques notamment). On utilisa des perles de verre et de bois dans les franges ou les jupes d'embrasses, qui étaient longues et fluides. La passementerie se déplaça peu à peu de l’ameublement vers la mode.

A partir de 1930, le marché de la passementerie se réduisit comme peau de chagrin, en partie à cause du développement du style contemporain qui excluait la passementerie, mais aussi à cause de la seconde guerre mondiale. Les « rubans froncés » à la mode dans les années 30 à 50 ainsi que les campagnes de « restauration » menées à Versailles par exemple permirent heureusement aux passementiers de continuer à tisser.

Aujourd'hui, il reste quelques maisons de passementerie en France, et les décorateurs continuent à les faire travailler.  L'entreprise familiale  Declercq passementiers, détentrice de savoirs-faire ancestraux, continue à créer et innover comme elle l'a toujours fait. 

 

 

Ouvrages consultés :

Le livre de la passementerie par René Heutte. H. Vial, éditeur 1972

 La passementerie, catalogue de l’exposition au couvent des cordeliers. Métiers d’art de Paris 1993

 Et le ruban prit du galon par Evelyne Baron. Musée des pays de Seine-et-Marne 1998

 

 

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